STOP aux stéréotypes sur la Mendicité à Namur ! Cohabiter en harmonie dans l'espace public, c'est l'affaire de tous !
D’un côté, Sébastien, sans-abri depuis dix ans, et ses comparses, dénonçaient le harcèlement dont ils estiment être victimes de la part des policiers qui les exhortent à « dégager » plusieurs fois par jour. De l’autre, les horécaïstes installés autour de la galerie Wérenne, déploraient le climat délétère du quartier et le nombre croissant de mendiants, parfois insistants voire agressifs.
Il me semblait face à ce climat de désaccord, important, de pallier aux rumeurs, aux légendes urbaines qui montent de plus en plus auprès des citoyens namurois sur la mendicité à Namur ! Pour dire STOP aux stéréotypes car cohabiter en harmonie dans l’espace public, c’est l’affaire de tous !
Éviter les amalgames
On associe la mendicité au sans-abrisme, à la dépendance à l’alcool ou à la drogue. Ce n’est pas juste. Une bonne partie des gens qui mendient ont un logement. Mais ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Il y a aussi des personnes sans-abri qui ne mendient pas. Derrière chaque personne à la rue, il y a une situation sociale compliquée. Ces gens ne font pas cela par plaisir. D’un point de vue macroscopique, la pauvreté ne fait que s’aggraver partout. Ces personnes qui font la manche n’en sont que le reflet.
Autorisée mais cadrée
En Belgique, la mendicité est autorisée. Elle est toutefois cadrée en fonction de sa localisation et est sanctionnée si elle est harcelante ou agressive. Quelqu’un qui est assis en rue avec un gobelet devant lui, c’est légal. Mais le règlement général de la police de Namur prévoit de cadrer certaines zones comme celles à proximité des distributeurs de billets ou des écoles par exemple, car c’est inapproprié auprès des enfants et ça insécurise les gens qui retirent de l’argent.
Chacun a un rôle à jouer
L’espace public est par définition à tout le monde. La difficulté est de faire cohabiter plusieurs publics: habitants, touristes, visiteurs, commerçants, étudiants, seniors, sans-abri… chacun y a sa place. Cette cohabitation harmonieuse, c’est l’affaire de tous! Pour la réussir, il faut un aménagement de l’espace public bien réfléchi, un entretien des espaces partagés, une dynamique commerciale, etc. Un chancre urbain, un immeuble à l’abandon, un lieu isolé, un commerce vide ou un quartier rempli de détritus, ce n’est pas favorable. En ce sens, chacun à un rôle à jouer!
Cette cohabitation harmonieuse passe aussi par la collaboration qui existe déjà et doit se poursuivre entre police et travailleurs sociaux. On peut se féliciter du suivi social effectué sur le terrain. C’est ça le premier travail. Celui de la police doit se faire en partenariat et dans un second temps. On n’oppose pas les deux.
L’effet de groupe
Certains gérants de bars et restaurants réclament plus de patrouilles policières surtout les soirs et les week-ends, quand ils se sentent davantage en insécurité. Mais il faut bien noter qu’il s’agit de publics différents. Une personne qui fait la manche le fait en journée quand il y a du passage. Les problématiques constatées les soirs et week-ends ne sont pas les mêmes . Celles-là sont liées à des personnes qui consomment (drogue ou alcool) dans l’espace public. On ne mendie pas en groupe mais par contre, on consomme en groupe. Ce qui donne le sentiment que des bandes se forment. Et c’est une réalité: des personnes se rassemblent pour boire des canettes. Leur comportement n’est pas du tout le même en groupe qu’individuellement. L’agressivité peut être accentuée par cet effet de groupe. Il faut y être attentif. Les réponses ne sont pas identiques pour toutes les problématiques, elles sont multiples.
Itinérant selon le contexte
La consommation problématique d’alcool se déplace. On a souvent eu des soucis près du parc Astrid à Jambes. Par la suite, le groupe s’est déplacé ou s’est réparti géographiquement ailleurs. Ce ne sont pas des situations pérennes. On a eu des problématiques similaires lors du chantier du Namur Concert Hall, rue Rogier, ou au parking des Casernes quand il existait encore, et puis ça a disparu. Cela démontre que c’est itinérant, que l’environnement est déterminant et que, dès qu’on a un bel espace qualitatif et fréquenté, les choses évoluent positivement. IL faut être confiant vu la mue qui s’opère dans la zone de la gare (boulevard Mélot, place de la Station, îlot Léopold, etc.). Les travaux actuels constituent la voie vers un quartier nettement mieux même s’il faut les subir pour le moment.
Plus de moyens requis
S’il n’existe pas de solutions miracles, des pistes existent. On connaît un déficit structurel d’hébergements. Il faut donc continuer à marteler l’importance de la création de logements publics. Il faut aussi renforcer l’investissement humain au niveau social. La présence des acteurs sociaux est fondamentale, de même que la présence policière qui peut encore être plus importante en rue de façon pédestre. Concernant les stupéfiants, c’est un travail sans relâche. C’est même un combat titanesque qui peut paraître quasiment insoluble. Mais ne baissons pas les bras et luttons contre tous ces trafics qui prennent de l’ampleur et s’étendent à un plus large public. Cela passe notamment par le renforcement de la sensibilisation. Celle-ci doit commencer à l’école, dès la période charnière de l’adolescence, pour éviter que les jeunes ne basculent.
Namur dispose d’ASBL comme Phénix, Sésame ou le service de l’Échange pour ne citer qu’eux mais leurs ressources sont insuffisantes. Tous ces enjeux requièrent des moyens provenant de tous les niveaux de pouvoir. Ce n’est pas en déléguant tout aux Communes qu’on résoudra les choses. Ça se joue aussi aux niveaux fédéral et régional.